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Archives / n°13 Mondialisations financières depuis 1880 – mai 2018

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Monde(s) n°13-  2018/1 – parution mi mai 2018

Mondialisations financières depuis 1880

 

par Éric Bussière (Université Paris-Sorbonne)

et Laurent Warlouzet (Université du littoral Côte d’Opale, History Department)

 

Sommaire

 

Éric Bussière et Laurent Warlouzet

Introduction– Mondialisation financière et histoire globale. Connexions et controverses historiographiques depuis 1880

 

Youssef Cassis

Londres, New York et la dynamique des places financières internationales, fin XIXe-début XXIe siècle

 

Emmanuel Mourlon-Druol

The Rise of International Financial Centres after the Breakdown of Bretton Woods. The Case of Bahrain, 1966-1986

 

Catherine R. Schenk

Hong Kong and Global Finance

 

Kazuhiko Yago

La Banque de Tokyo, 1947-1995 : des logiques impériales et internationales aux stratégies globales

 

Vincent Duchaussoy

Zones monétaires et développement : la zone franc, de la décolonisation à l’internationalisation

 

Alexis Drach et Olivier Feiertag

Le sens de la mondialisation : surveillance bancaire et globalisation financière du XXe au XXIe siècle

 

Débat autour d’un livre

Rawi Abdelal, Capital Rules. The Construction of Global Finance (Cambridge, MA: Harvard University Press, 2009)

Douglas J. Forsyth, Léonard Laborie, et Rawi Abdelal

 

Varia

Amadou Koné

La persistance du conflit angolais entre 1991 et 2002

 

Damiano Matasci

Une « UNESCO africaine » ? Le ministère de la France d’Outre-mer, la coopération éducative intercoloniale et la défense de l’Empire, 1947-1957

 

 

Résumés n°13

 

Youssef Cassis

 

Résumé

Londres, New York et la dynamique des places financières internationales fin xixe-début xxie siècle

Cet article analyse les conditions dans lesquelles New York a pris le relais de Londres en tant que centre financier international, mais aussi les rapports entretenus entre ces deux villes et avec les autres grandes places financières d’Europe et plus tard d’Asie, de la fin du xixe au début du xxisiècle. Les interactions entre places financières, faites de concurrence et de coopération, sont étudiées dans le cadre de leur rôle dans les flux internationaux des capitaux, en tenant compte de la capacité financière des grandes puissances, de l’architecture financière des principales places et du contexte politique et économique international.

Mots-clés : Places financières – Mouvements internationaux des capitaux – Londres – New York – Crises financières.

 

Abstract

London, New York and the Dynamics of International Markets from the Late Nineteenth to the Early Twenty-First Century

This article analyses the conditions under which New York succeeded London as the world’s leading international financial centre and the relationship between these cities and the other leading financial centres in Europe and, later, in Asia from the late nineteenth to the early twenty-first century. The interactions between financial centres, based on competition and cooperation, are discussed with respect to their role in international capital flows, taking into account the financial strength of the Great Powers, the financial architecture of the main centres and the international economic and political context.

Keywords : Financial Centres – International Capital Flows – London – New York – Financial Crises.

 

 

Emmanuel Mourlon-Druol

 

Résumé

L’émergence des centres financiers internationaux depuis la fin du système Bretton Woods. Le cas de Bahreïn, 1966-1986

Cet article analyse le développement de Bahreïn en tant que centre financier international dans les années 1970 et 1980. Il aborde les raisons qui permettent d’expliquer le développement soudain et spectaculaire de Bahreïn en tant que centre financier international. Il examine ensuite jusqu’à quel point Bahreïn est un centre de dimension réellement internationale, en particulier comparé à Beyrouth et Singapour. Enfin, il étudie les raisons qui peuvent expliquer pourquoi aucune crise bancaire ne s’est développée sur l’île, malgré un développement financier rapide qui aurait pu laisser penser à la formation de bulles spéculatives.

Mots-clés : Bahreïn – Beyrouth – Singapour – Centre financier international – Offshore Banking.

 

Abstract

The Rise of International Financial Centres after the Breakdown of Bretton Woods: the Case of Bahrain, 1966-1986

This article focuses on the development of Bahrain as an international financial centre in the 1970s and 1980s. The article first analyses the reasons that contribute to explain the sudden and spectacular rise of Bahrain as an international financial centre. It then scrutinises the extent to which Bahrain’s rise was truly international in scope, especially compared to Beirut and Singapore. Finally, the article reflects on the reasons why no banking crisis occurred on the island, in spite of a rapid financial development that could have potentially led to the creation of a banking bubble.

Keywords: Bahrain – Beirut – Singapore – International Financial Centre – Offshore Banking.

 

Catherine R. Schenk

 

Résumé

Hong Kong et la finance globale. Les limites des fondations du marché libre

Hong Kong a occupé une position unique entre l’Empire britannique et la Chine qui l’ont dotée d’une dimension globale bien avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949. L’héritage des institutions coloniales britanniques, notamment les conseils monétaires, les banques, la langue, le cadre juridique et une protection aboutie des droits de propriété, ont tous contribué à étendre le rôle traditionnel de Hong Kong en entrepôt impérial à l’ère post-coloniale. Mais le succès de Hong Kong n’a pas été construit les marchés libres. L’article montre que le rôle de l’Etat est beaucoup plus complexe que ce qui est habituellement admis de nos jours, ou à l’époque.

Mots-clés : Empire – Hong Kong – finance impériale – Chine – Centre financier.

 

Abstract

Hong Kong and Global Finance: the Limits to Free Market Foundations

Hong Kong occupied a unique position between the British Empire and China, which catapulted it to global importance in the century before the founding of the People’s Republic of China in 1949. The legacy of British colonial institutions, including the currency board, banks, language, legal framework and well-established property rights, all contributed to extending Hong Kong’s traditional role as an imperial entrepot into the post-colonial era.  But Hong Kong’s success was not built on free markets; this article shows that the role of the state is much more complex than is usually acknowledged today or than it was at the time.

Keywords: Empire – Hong Kong – Imperial Finance – China – Financial Centre.

 

Kazuhiko Yago

 

Résumé

La Banque de Tokyo, 1947-1995 : des logiques impériales et internationales aux stratégies globales

Cet article vise à retracer l’évolution de la Banque de Tokyo, une banque japonaise spécialisée dans les échanges extérieurs. Fondée à la suite de la dissolution de la Yokohama Specie Bank (1880-1947), une grande banque internationale de l’Empire nippon, la Banque de Tokyo fusionne avec la Banque Mitsubishi en 1996 pour devenir la Banque de Tokyo-Mitsubishi, aujourd’hui la Banque de Tokyo-Mitsubishi UFJ, l’une des plus importantes banques commerciales dans le monde. Née après la chute de l’Empire nippon, prospère sous le régime de Bretton Woods, et réorganisée lors de la crise financière globale, la Banque de Tokyo incarne la transformation de la stratégie bancaire japonaise contemporaine. L’article postule une continuité entre les « logiques impériales » et les « stratégies globales », en se focalisant sur les dimensions organisationnelles et microstratégiques plutôt que sur les dimensions politiques ou macroéconomiques.

Mots-clés : Japon – Histoire bancaire – Banque de Tokyo – Yokohama Specie Bank – Banque de Tokyo-Mitsubishi UFJ.

 

Abstract

The Bank of Tokyo, 1947-1995: from Imperial and International Dynamics to a Global Strategy

This article aims to demonstrate the evolution of the Bank of Tokyo, a Japanese bank specialized in foreign exchanges. Founded after the liquidation of the Yokohama Specie Bank (1880-1947), a large international bank inside the Japanese Empire, the Bank of Tokyo merged with the Mitsubishi Bank in 1996. The Bank later became the Tokyo-Mitsubishi Bank, and is today the Mitsubishi Tokyo UFJ Bank, one of the biggest commercial banks in the world. The Bank of Tokyo was established after the collapse of the empire. It was active under the Bretton Woods regime and was finally reorganized during the global financial crisis. The history of the Bank thus embodies the transformation of contemporary Japanese banking. This article stresses the continuity between the “imperial dynamic” and the “global strategy” by focusing on the organizational and micro-strategic dimensions rather than on the political and macro-economic dimensions.

Keywords: Japan – Banking History – Bank of Tokyo – Yokohama Specie Bank – Mitsubishi Tokyo UFJ Bank.

 

 

Vincent Duchaussoy

 

Résumé

Zones monétaires et développement : la zone franc, de la décolonisation à l’internationalisation

À travers le cas des accords de coopération monétaire unissant la France et quatorze pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre de la zone franc, cet article se propose d’explorer le rôle de la monnaie dans la mise en œuvre des politiques de développement économique des anciennes colonies françaises en Afrique. De la décolonisation au transfert de souveraineté, de la crise de la dette publique à la tutelle des institutions multilatérales, la monnaie apparaît en effet comme un outil de gestion de la politique des États en faveur du développement.

Mots-clés :  Développement – Afrique – Zone franc – Franc CFA – Monnaie.

 

Abstract

Monetary Zones and Development: the Franc Zone from Decolonization to Globalization

Through the case study of monetary cooperation agreements between France and fourteen countries of Sub-Saharan Africa, this paper focuses on the role of this currency in the implementation of economic development policies in former French colonies in Africa. From decolonization to the transfer of sovereignty, and from the public debt crisis to the multilateral institutions’ trusteeship, the currency appears to be a management tool for state policies that support development.

Keywords: Development – Africa – Franc zone – CFA Franc – Currency.

 

Alexis Drach / Olivier Feiertag

 

Résumé

Le sens de la mondialisation:  surveillance bancaire et globalisation financière du XXau XXIe siècle

La surveillance des banques est généralement présentée comme un accident de l’histoire. Elle s’expliquerait par les guerres ou les crises économiques. L’histoire globale de la surveillance des banques par les États s’inscrit, au contraire, dans le temps long, du XXe au XXIe siècle. Mais ses modalités et ses objectifs changent comme l’indique le passage du contrôle à la supervision bancaire. Cette évolution traduit, en dernière analyse, les évolutions de la mondialisation, processus de longue durée qui oppose de manière dialectique les dynamiques du marché global aux régulations des États-nations.

Mots-clés : Banques – Mondialisation  – État-nation  – Supervision  – Néo-libéralisme.

 

Abstract

The Meaning of Globalisation: Banking Regulation and Financial Globalisation from the 20th to the 21st Century

Banking regulation is generally presented as an historical accident. It could be explained by wars or economic crises. The overall history of state supervision of banks has been, to the contrary, a long-term process, from the 20th to the 21st century. But its terms and objectives have changed, as indicated by the shift from control to banking supervision. Ultimately, this evolution reflects the evolutions of globalization, a long-term process that dialectically contrasts the dynamics of the global market with the regulations of nation-states.

Keywords: Banks – Globalisation  –  Nation-State  –  Supervision  – New Liberalism.

 

VARIA

Amadou Koné

 

Résumé

La persistance du conflit angolais entre 1991 et 2002

Cet article entend revenir sur la responsabilité du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) et de la communauté internationale dans le retour à la guerre après le scrutin sous tension de 1992, et après la signature des accords de Lusaka en 1994. Malgré l’intervention de l’ONU dans les deux processus de paix, les deux camps choisirent l’option militaire. Cela s’explique en partie par le manque de neutralité des observateurs de la Troïka, et la complicité de nombreux pays qui aidèrent l’UNITA à contourner les embargos et le gouvernement à se réarmer. Ainsi, l’affaiblissement politique et militaire de l’UNITA permit au MPLA de démanteler ce mouvement en éliminant son chef.

Mots-clés : Mouvement populaire de libération de l’Angola – Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola – ONU – Troïka – Processus de paix.

Abstract

The Persistence of the Angolan Civil War from 1991 to 2002

This article reconsiders the responsibility of the People’s Movement for the Liberation of Angola (MPLA), the National Union for the Total Independence of Angola (UNITA) and the international community in the return to war after the under tensions elections of 1992 and the signature of the Lusaka Protocol in 1994. Despite the intervention of the UN in both peace processes, the military option prevailed for both sides. This option also resulted from the lack of neutrality of Troika observers and from the complicity of numerous countries in helping UNITA by-pass the embargoes and helping the government to rearm. Hence, UNITA’s diminishing political and military capacity allowed the MPLA to dismantle this movement by eliminating its leader.

Keywords: People’s Movement for the Liberation of Angola – National Union for the Total Independence of Angola – UN – Troika – Peace Processes.

 

Damiano Matasci

 

Résumé

Une « UNESCO africaine » ?

Le ministère de la France d’Outre-mer, la coopération éducative intercoloniale et la défense de l’Empire, 1947-1957

 

Dès sa fondation en 1945, l’UNESCO alimente un intense débat international centré sur la lutte contre les inégalités éducatives dans les pays du Sud, y compris dans les « territoires non autonomes ». Craignant une intervention directe dans les colonies d’Afrique noire, le ministère de la France d’Outre-mer met alors en place des stratégies pour contrer toute tentative d’ingérence de la part des organismes onusiens. Il stimule notamment une importante coopération éducative à l’échelle intercoloniale. Celle-ci est censée certifier l’engagement renouvelé de la métropole pour le « bien-être » des populations locales et relégitimer ainsi la « mission civilisatrice » du colonialisme sur la scène internationale.

Mots-clés : UNESCO – Afrique – France – Coopération intercoloniale – Éducation.

 

Abstract

An “African UNESCO”? The ministère de la France d’Outre-mer, Intercolonial Cooperation and the Defense of the Empire, 1947-1957

 

From its very creation in 1945, UNESCO fostered an intense international debate centred on the fight against educational inequalities in the South, including in “non-autonomous territories”. Fearing direct intervention in the colonies of black Africa, the ministère de la France d’Outre-mer put in place strategies to counter any attempt of interference by UN agencies. In particular, it stimulated intensive educational cooperation at the intercolonial level. This cooperation was meant to certify the renewed commitment of the metropolis for the “well-being” of local populations and thus to re-legitimize the “civilizing mission” of colonialism in the international arena.

Keywords: UNESCO – Africa – France – Intercolonial Cooperation –Development.